Cher Père, Me voici. Pas poli. Pas parfait. Juste… présent. Je n’ai plus la force de prétendre. Je ne veux pas jouer l’abandon je veux le vivre. Mais je ne sais pas comment. Je dis que je T’apporte les choses, mais parfois je fais seulement les refouler, espérant que Tu agisses avant que j’explose. Tu vois mon cœur. Tu l’as fait ainsi si tendre, si sensible, si large. Et parfois, Dieu, je T’en veux pour cela. Parce que je ressens tout. Et en ce moment, je ressens trop. Je T’aime. Tu es Celui vers qui je cours. Mais je les aime aussi. Et je ne sais pas comment porter ces deux amours sans perdre des morceaux de moi. Je veux rester tranquille et Te laisser agir, mais l’envie d’agir, de comprendre, de réparer, crie trop fort. Je veux être stratégique, mais pas manipulateur. Je veux aimer, mais sans me perdre. Je veux Te faire confiance mais sans Te mettre de délai. Et alors je me souviens de Job. Il a tout perdu ses enfants, sa santé, ses richesses, sa place dans la société. Mais le pire de tout, il a perdu la clarté. Et qu’a-t-il fait Il s’est assis dans la cendre. Il a maudit le jour de sa naissance. Il a pleuré, il T’a questionné, il a lutté avec le chagrin, avec la théologie, avec le silence. Mais il n’est pas parti. Il est resté dans la conversation. Et peut-être que c’est cela aussi que Tu me demandes. Pas de comprendre. Pas de performer. Mais de rester. De lutter sans rejeter. De pleurer sans abandonner. Les amis de Job avaient tous les bons mots mais aucun de Ton esprit. Je ne veux pas être comme eux. Je ne veux pas de réponses faciles ni d’une foi répétée. Je veux une foi réelle celle qui peut crier et pourtant s’incliner. Celle qui perd et qui croit encore. Celle qui n’a pas besoin de contrôler la fin pour faire confiance à l’Auteur. Dieu, je suis désolée pour toutes les fois où j’ai essayé d’écrire Ton scénario. Désolé de T’avoir donné des échéances au lieu de ma dévotion. Mais je suis aussi reconnaissante parce que je sais que Tu es toujours là. Tu n’es pas parti. Tu ne partiras pas. Alors aide-moi. Apprends-moi à porter ce cœur que Tu m’as donné. Montre-moi comment le garder sans le fermer. À me reposer sans fuir. À ressentir profondément sans me noyer. À aimer sans idolâtrer. À attendre sans dépérir. Et Dieu, si je suis attirée vers quelque chose qui ne vient pas de Toi coupe le lien doucement… ou fortement… mais clairement. Ne me laisse pas marcher dans la confusion. Ne me laisse pas confondre ma volonté avec Ton murmure. Comme Job, je veux dire Même s’Il me tue, j’espérerai en Lui. Même si c’est avec des mains tremblantes. Même si c’est avec un cœur rempli de questions. Père, donne-moi la clarté. Donne-moi le courage. Donne-moi une paix qui demeure même quand les réponses ne viennent pas. Je crois encore que Tu écris les plus belles histoires. Alors écris la mienne. Je ne suis plus assez forte pour tenir le stylo. Au nom de Jésus, Amen.